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Concours de nouvelles : Une expérience Finlandaise

19 mai 2010

1er PRIX: Une expérience finlandaise

Par Isabelle Guédon

JUILLET

Quand ils sont arrivés ce matin-là avec leur camion et leurs tee-shirts rouges, j'ai eu l'impression que quelque chose de grave allait arriver. Maman m'avait pourtant expliqué ce qui allait se passer en me caressant les cheveux et en me montrant une photo de notre nouveau pays. Elle croyait qu'une image du Père Noël allait me donner envie d'aller vivre là-bas, là où il fait froid toute l'année alors qu'ici nous ne mettons jamais de chaussettes ni de manche longue ! Ce déménagement fut sans doute l'expérience la plus douloureuse de ma petite enfance. Je revois encore ma nounou adorée pleurer sans jamais s'arrêter, me serrer dans ses bras avec tellement de tristesse, quel déchirement ! Je vois bien que même Maman est bouleversée, comment peut-elle me réconforter alors qu'elle-même n'a aucune envie de quitter sa jolie maison, ses amies chères, sa douce vie?

On a beau me répéter que l'on n'a pas le choix, que le boulot de Papa est terminé ici, qu'on l'attend là-bas, que je suis trop petit pour comprendre, je trouve bien trop injuste, la vie est mal faite. Nous sommes si heureux ici !

Pour éviter que je ne voie les déménageurs emballer mes jouets, Maman m'a emmené dans un magasin pour m'acheter des nouveaux habits. D'habitude, je déteste faire du shopping mais là, c'est horrible ! Il fait au moins 40 degrés dans cette échoppe du marché et je dois essayer des énormes blousons dans lesquels je crois étouffer. Non mais ce n'est pas possible, il ne peut pas exister d'endroits sur la planète où il fait tellement froid qu'on doive porter ces affreux trucs si lourds ! Il faut dire que je suis né ici il y a presque cinq ans et que quand nous rentrons en France chaque été, je claque des dents à la sortie de l'avion. Mais qu'est-ce-que ça va être en Finlande !!! Et oui car c'est bien dans ce pays que nous allons habiter après les grandes vacances. Au début, j'ai cru que ce serait la Thaïlande, je n'étais pas hyper content mais je me disais que l'on pourrait revenir passer les week-end ici et qu'on pourrait aller souvent à la piscine et à la plage. Mais j'avais compris de travers malheureusement...Maman a fait tellement d'efforts avec moi pourtant. Elle m'a d'abord acheté une grande carte du monde qu'elle a collée au dessus de mon lit. Dessus, elle a pointé des punaises de couleurs, une pour le pays où je suis né, une pour la France et l'autre pour Helsinki. Je ne suis pas complètement idiot, j'ai bien compris que nous allions considérablement nous rapprocher de la France, de nos grands-parents, de nos cousins. On pourrait même les voir toutes les vacances si on voulait. Et mes copains d'ci alors ? Je vais les revoir quand ? Ensuite, il y a eu la fameuse histoire du Père Noël. J'ai même reçu une lettre d'une cousine me disant à quel point j'avais de la chance d'aller habiter là-bas, que j'allais pouvoir le rencontrer et commander tous les cadeaux que je voulais, même une soucoupe volante ! C'est vrai que ça c'est cool.

On a regardé des tas de livres avec de jolies photos, ça a l'air tellement différent d'ici. Ce qui me paraît le plus bizarre c'est qu'on ne voit jamais personne sur les photos. Ici, ça grouille tout le temps et partout, le calme n'existe pas, là-bas, le ciel est très grand et il y a des lacs partout. Il paraît même que l'hiver, on peut patiner dessus !!!

Comme Maman voyait bien que j'étais toujours très malheureux, elle m'a dit un très grand secret qu'elle ne dirait qu'à moi. Elle m'a chuchoté dans le creux de l'oreille qu'elle n'était pas si heureuse que ça ici, qu'elle avait besoin de changer d'air et qu'elle était triste car elle voulait que j'aie une petite soeur et que ça n'arrivait pas. Alors peut-être que si nous allions vivre dans un autre pays en Europe, dans un pays plus tranquille, où l'air que l'on respire est moins mauvais, peut-être qu'avec un petit coup de pouce du Père Noël, on pourrait avoir une plus grande famille et ça, ce serait vraiment merveilleux. Elle avait des larmes qui coulaient de ses yeux si gais d'habitude, ça m'a rendu très triste moi aussi. Je lui ai fait un énorme câlin et lui ai dit que j'étais d'accord mais à condition que ce soit un petit frère !

AOUT

On a passé de super vacances, j'ai revu tous mes cousins et des tas de copains sont venus dormir à la maison. Papa a pu rester un peu plus longtemps avec nous et on a fait plein de trucs géniaux ensemble. Alors que tout le monde était encore en vacances il a fallu déjà partir. Maman était bien embêtée pour faire les valises, elle ne savait pas s'il fallait emporter des t-shirts, des pulls ou déjà des doudounes ! Elle a donc mis un peu de tout en espérant quand même que ce serait l'été à notre arrivée.

Le voyage en avion s'est super bien passé, on avait à peine mangé (ouh la la, c'était pas bon du tout ce qu'il y avait dans le plateau) qu'il fallait déjà attacher sa ceinture pour l'atterrissage. L'aéroport d'Helsinki n'a rien à voir avec celui de mon pays. J'ai l'impression qu'il est vide et très silencieux. Mais où sont tous les gens qui crient et se bousculent, qui attendent à la sortie entassés derrière des grilles avec des panneaux ou des bouquets de fleurs ? Personne ne nous attend cette fois, c'est curieux. Pire encore, personne ne nous regarde ! Je repense à toutes ces mains qui caressaient mes cheveux blonds en douce par curiosité et aussi en guise de porte-bonheur. Nous avançons anonymes dans la file des taxis. Là encore, quel contraste ! Les gens sont parfaitement alignés les uns derrière les autres, ils attendent sagement qu'on leur indique leur taxi, ce n'est pas l'habituelle cohue. La route de l'aéroport à la ville m'inquiète un peu. Il y a peu de voitures, aucun klaxon, même pas de maisons au bord des routes. Est-ce que c'est ça le désert ? Enfin le centre-ville nous sommes dimanche et tout est fermé. Maman dit qu'il va falloir se renseigner sur le fonctionnement des magasins, on ne pourra plus y aller à n'importe quelle heure. Notre appartement nous attend, il y même un joli petit lit pour moi avec des draps Winnie. C'est fou, j'ai l'impression que nous étions dans l'avion il y a quelques minutes et nous voilà déjà chez nous, tout est prêt, on n'avait pas oublié de préparer nos chambres, il n'y a pas d'erreur, je m'endors tout de suite en serrant bien fort mon doudou.

SEPTEMBRE

Bientôt une semaine que nous sommes là et je vais faire ma rentrée des classes. Pour le moment, je suis tout le temps avec Maman et je vois bien que ce n'est pas facile pour elle car elle doit absolument trouver rapidement une maison pour nous et que moi, visiter des maisons, ça ne me plaît pas, on est tout le temps en voiture, dans les maisons, on ne doit toucher à rien, même aux jouets des autres enfants. L'autre jour, nous sommes entrés dans une horrible maison, il y avait des têtes d'animaux partout sur les murs et même une peau d'ours avec encore sa tête sur le sol ! Maman a eu peur que je fasse des cauchemars à cause de ça. Nous avons rencontré une autre famille française avec 2 petits garçons, ils nous ont invités pour le goûter et c'était tellement bien de rejouer aux voitures. La maman des garçons a donné pleins de conseils à ma maman pour trouver une maison. Elle avait l'air très heureuse d'être là, elle nous a parlé de l'hiver magique, du bleu, du blanc, du ski de fond, de la luge, ça m'a donné envie. Du coup, le soir, Maman a expliqué à Papa qu'on allait chercher une maison en dehors de la ville, là où on pouvait chausser ses skis de fond et descendre directement sur la mer gelée. Papa était hyper content car c'est maman qui avait insisté pour être dans la ville. Il s'imaginait déjà participer à la grande course de ski de fond de Finlande, la Finlandia.

A notre surprise en tout cas, il faisait beau, pas très chaud mais le ciel était clair et lumineux. La veille de la rentrée, nous sommes allés faire une excursion en bateau, c'était magique. Toutes ces petites îles qui paraissent désertes ou j'imaginais toutes sortes d'histoires de pirates ! Maman n'arrêtait pas de dire qu'elle ne s'attendait pas à ces paysages, je crois qu'elle s'imaginait la Finlande comme une vaste étendue de neige été comme hiver !

La première semaine d'école s'est bien passée. Je suis dans une école française en maternelle mais il y a dans ma classe plein de petits enfants finlandais. Ils ne parlent pas beaucoup et ils sont beaucoup plus sages que nous les Français. Mon copain Quentin m'a dit qu'ici, les parents n'ont pas le droit de donner la fessée alors je l'ai tout de suite dit à Maman quand elle m'a dit que si je continuais à sauter sur mon lit elle me donnerait une fessée. Comme elle m'a dit qu'à la maison, on faisait ce qu'on voulait, je lui ai dit que j'avais le droit d'appeler la police et là, j'ai eu droit à ma fessée !

Maman a enfin trouvé une maison ! Elle est carrée avce de grandes fenêtres partout, pas du tout comme celles que j'ai appris à dessiner. Du salon, nous voyons la Mer Baltique. Je ne comprends pas pourquoi on l'appelle mer, il n'y a aucune vague et jamais de marée basse. Elle est construite à l'envers, les chambres sont en bas et le salon et la cuisine en haut. Il yva une pièce absolument incroyable dans la salle de bain, un sauna tout en bois. Le premier week-end, on a voulu l'essayer. Maman qui n'aime pas être enfermée n'est pas restée dedans et moi j'ai bien aimé surtout quand avec la louche en bois, on jette de l'eau sur les pierres brûlantes, ça pique les yeux et les narines mais c'est trop drôle. J'ai retrouvé mes jouets et mes affaires mais je ne peux plus rien porter de mes vêtements d'été. Je suis triste quand je repense à mes anciens copains mais on se parle parfois sur Skype, ils me demandent à chaque fois si j'ai vu le Père Noël en vrai. J'ai beau leur expliquer qu'il habite très loin de moi, il n'y a que ça qui les intéresse.

OCTOBRE

J'ai découvert une saison que je ne connaissais pas: l'automne. Les feuilles des bouleaux deviennent jaunes puis le vent se lève et elles tombent. Tous les week-end, j'en ramasse et je les colle sur mon cahier de vie. Nous avons été nous promener dans un grand parc pas très loin de la maison. C'était très beau de voir l'automne partout. Il y avait aussi de très jolis champignons et nous les avons tous pris en photo ! nous avons fait un truc génial avec Papa, nous avons coupé du bois avec une hache et nous avons fait un feu. Tous les Finlandais font ça et ensuite ils plantent une espèce de saucisse orange au bout d'un bâton et ils la font griller près des flammes, il faudra que je dise à Maman d'en apporter la prochaine fois. Moi je suis très heureux avce la nourriture ici car on ne mange que des saucisses et des pommes de terre ! Mes parents râlent à chaque fois que l'on va dans un restaurant car ils préfèreraient autre chose mais moi j'adore ! Il y a aussi des galettes en forme de petits bateaux avec du riz dedans que j'aime beaucoup.

Je vois bien qu'il fait de plus en plus froid et que de pluie ! A chaque récré, je dois mettre mon pantalon de et mon blouson de pluie avec mes bottes en caoutchouc. Ce qui est super, c'est qu'avec les élastiques sous les pieds, je peux sauter dans les flaques d'eau sans avoir les pieds mouillés, enfin la plupart du temps...J'ai même déjà vu la neige ! C'était la première fois de ma vie ! Quelle incroyable sensation de sentir les flocons délicatement se poser sur ses cheveux ou son visage ! Malheureusement, ils fondaient aussitôt qu'ils atterrissaient sur le sol, ça rassure Maman car elle n'a pas encore acheté mon équipement de neige.

NOVEMBRE

Il paraît qu'en novembre, les gens sont très tristes parce qu'il fait très sombre. C'est vrai que quand nous arrivons à l'école, c'est la nuit et quand nous en repartons, c'est encore la nuit. L'autre jour, je repensais à mon pays si chaud, au soleil, à mes copains et mes après-midi à la piscine et je me suis mis à pleurer. Dimanche, j'ai regardé le ciel toute la journée. J'ai vu le soleil apparaître très tard, il est resté  tout près de la ligne d'horizon et il s'est recouché. Il n'y a plus aucune feuille sur les arbres, les branches nues ressemblent à des monstres. Il continue de pleuvoir beaucoup, parfois c'est un mélange de pluie et de neige mais le sol reste gris. Pourtant, Maman a fait changer les pneus de sa voiture, les nouveaux font beaucoup de bruit parce qu'il y a des clous dedans, elle est un peu inquiète de devoir conduire quand il neige. Certains jours on n'éteint même pas la lumière, c'est lugubre. Maman a mis plein de jolies petites bougies dans la maison, les gens ont même déjà mis des guirlandes électriques sur leur balcon ou dans leurs arbres comme si c'était déjà Noël. Chez ma copine Lucie, il y a une lampe qui quand on l'allume fait une lumière très forte qui pique les yeux si on la regarde très longtemps. Lucie et ses parents l'utilisent tous les matins pendant le petit déjeuner, ça leur donne des vitamines et ça les rend moins tristes. Nous on prend juste des vitamines en bonbon et on mange beaucoup !

Maman commence à venir au sauna avec Papa et moi le dimanche, elle est toujours enrhumée alors on met de l'essence d'eucalyptus dans l'eau qu'on jette sur les pierres chaudes. Papa s'est acheté tout un équipement pour courir dans le froid et la nuit, il a surtout un bandeau avec une lampe qu'il met sur son front et une autre qui clignote autour de son bras, Maman se moque de lui quand elle le voit partir.

DECEMBRE

Décembre est mon mois préféré avec celui de mon anniversaire. Dès le premier jour, on ouvre une fenêtre du calendrier de l'Avent et on mange un petit chocolat. J'ai écrit ma lettre au Père-Noël ! Je lui ai dit que j'étais un peu déçu par son pays parce qu'il n'y a presque pas de soleil et que je ne supporte pas de mettre des chaussettes ! Maman m'a demandé s'il n'y avait pas des choses que j'aimais ici et j'ai tout de suite pensé aux pullas, ces brioches à la cannelle avec des gros grains de sucre dessus, j'en mangerais des tonnes ! J'aime aussi les toboggans et les aires de jeux , il y en a partout, même en face de la maison. Je lui ai dit que j'espérais le rencontrer bientôt parce que pour l'instant, je n'ai vu que des faux avec des barbes en coton. Cette année, j'ai commandé un camion de poubelle et un déguisement de pompier et puis aussi de la neige pour Noël. Et pour faire plaisir à Maman, un bébé (sans dire un petit frère pour ne pas la contrarier...). Je pense qu'il a bien reçu ma lettre car le week-end suivant , il est venu à Helsinki. On l'a attendu sur le trottoir devant l'horloge de Stockmann, c'est un grand magasin où nous allons souvent le week-end  car Maman adore faire du shopping et que dans ce magasin, il y a une garderie où je peux rester et où mes parents me laissent toujours plus que le temps maximum autorisé et ça , ce n'est pas bien car les Finlandais sont très sérieux avec les horaires. Ca me rappelle cette fois où Papa a invité ses collègues de boulot à la maison. Il avait dû leur dire de venir vers 8 heures. A 8h00, ils sont tous arrivés en taxi et ça a été la grosse panique à la maison car Maman était sous la douche et Papa en train de mettre le couvert !

Donc, on était là à attendre dans le calme. Il y avait pourtant plein de monde, mais tous les enfants étaient sages, personne ne cherchait à pousser les autres pour mieux voir, c'était étrange. Tout d'un coup, nous avons entendu des bruits de clochettes puis aperçu les rennes, le traîneau et enfin, lui-même, le Père Noël ! J'étais tellement content que j'avais envie de pleurer, même Maman était émue. Ca a duré quelques secondes mais c'était magique. Pour la première fois je crois, j'étais très heureux d'avoir déménagé en Finlande. Avec l'aide de Papa, on a envoyé sa photo à tous mes copains sur internet et tous ont répondu que j'avais drôlement de la chance.

Mes parents m'ont expliqué que nous rentrerions en France pour les vacances de Noël et là j'étais carrément déçu. A quoi ça sert d'habiter ici si on ne reste pas pour Noël ? J'ai préparé ma valise pour la France avec beaucoup de regret car j'avais tellement envie de l'attendre au pied du sapin le Père Noël. Le dernier vendredi  d'école avant les vacances, on a eu une fête à l'école. On a fabriqué de délicieux biscuits aux épices qui s'appellent les piparikakus. On en a fait de plein de formes rigolotes et je me suis régalé. Avec, on a bu un espèce de jus de fruits rouges chaud, le gloggi, un délice !  On a aussi chanté des tas de petites chansons en finnois sur les lutins du Père Noël. J'aime bien le finnois, je trouve que c'est assez facile. Pour dire bonjour, c'est "moi" et au revoir c'est " moi moi" ! Quand on est rentrés à la maison, je chantais encore "tip tap" quand j'ai vu qu'un papier était collé sur notre porte. Maman a lu ce qu'il y avait écrit dessus, c'était un mot du Père Noël qui était passé chez nous avant notre départ pour être sûr que j'aie bien mes cadeaux, c'est incroyable, non? J'ai couru dans les escaliers et ai découvert les paquets au pied du sapin, quelle joie ! Mon camion de poubelle est trop beau et j'adore mon déguisement, j'aurais vraiment voulu le voir pour le remercier mais il devait avoir encore plein de boulot. J'ai regardé Maman en coin, elle n'avait pas l'air déçue qu'il n'y ait rien pour elle. Elle était tellement contente de rentrer en France retrouver sa famille et manger du foie gras. Papa quant à lui ne parle que des huîtres qu'il va pouvoir engloutir !

JANVIER

Quand nous sommes rentrés des vacances de Noël, j'ai eu l'impression d'arriver dans un nouveau pays. Il faisait vraiment très froid et il y avait de la neige partout. On n'a même pas pu monter la côte, pourtant toute petite pour garer la voiture dans le garage. Que c'était beau ! Papa était moins émerveillé que moi car il a dû aller chercher une pelle pour dégager la montée. Il était trop tard pour jouer dehors mais dès le lendemain, j'ai mis ma combi, mes bottes de neige et mes gants et je me suis précipité dans le jardin. Je me suis allongé dans la neige, je l'aii goûtée, j'en ai fait des boules, j'étais tellement content ! Le voisin est venu nous dire bonjour et surtout nous expliquer le "règlement" pour pelleter la neige. Maman râle toujours après les Finlandais car selon elle, ils ne nous parlent que pour nous dire que l'on fait mal quelque chose ! Donc, ce voisin-là nous a expliqué que chaque maison était responsable de l'entretien d'une partie de la route et que comme nous, nous étions les plus proches de la montée, c'était toujours à nous de la déneiger. Comme tout le monde part très tôt au boulot, ça veut dire qu'il faut se lever encore plus tôt pour aller pelleter en pyjama et ça a un peu enervé Papa mais il a bien compris qu'il n'avait pas le choix ! Je ne suis pas d'accord avec Maman au sujet des Finlandais mais ce voisin-là, il est carrément pénible. Quand il a neigé pendant la nuit, il fait exprès de se lever encore plus tôt que Papa, il enlève la neige devant chez lui, il s'arrête juste au bord de notre maison et il laisse la pelle contre notre mur. Une autre fois, il est venu dire à Papa qu'il mettait la neige au mauvais endroit et cette nuit-là, je crois que Papa a rêvé qu'il lui donné un grand coup de pelle dans la figure !

Pour la première fois, j'étais content de retourner dans mon école car j'ai vraiment des bons copains. Je parle même un peu le finnois maintenant et je comprends quand on me parle. Je suis fier car Papa et Maman, eux ont abandonné les cours. lls disent que c'est trop dur et que les Finalandais parleront toujours un meilleur anglais que leur finnois. A l'école, la cour de récré a été changée en patinoire ! C'est magique ! Tous les jours, nous partons de la classe, chaussons nos patins et casques et apprenons à glisser. Moi j'avais envie de foncer comme un fou mais j'ai vite compris que d'apprendre avec une petite chaise devant soi pour se tenir était plus raisonnable. Comme j'aimerais patiner comme les petits Finlandais, on dirait qu'ils sont nés avec des patins aux pieds, ils patinent à l'envers et font des figures trop géniales. J'ai demandé à Maman de m'acheter une crosse de hockey pour m'entraîner, ça a l'air super cool.

FEVRIER   

Décidément, j'adore l'hiver en Finlande !

D'abord, je n'ai jamais eu froid même quand le thermomètre est sous -20. Je mets plein d'habits collants sous mes habits normaux et d'autres par dessus mes habits sous ma combi et je suis super bien, j'ai même parfois trop chaud sous ma cagoule. Il y a juste cette crème verte que Maman me met sur la figure et qui sent mauvais que je n'aime pas mais Maman dit que les autres crèmes, elles feraient comme des glaçons sur ma peau. Et puis, dehors on est si bien, il y a tant de choses à faire. Il fait maintenant jour quand nous rentrons de l'école alors on prend ma luge et on va dévaler la piste juste à côté de la maison. Le week-end, nous allons au ski. On fait d'abord un peu de voiture puis on arrive à un endroit où il y a 3 pistes de ski dont une exprès pour les enfants comme moi. Au début, je tombais tout le temps mais maintenant, je suis bien Papa et j'arrive à descendre jusqu'en bas. Ensuite, nous allons dans un tipi d'indien où il y a un feu et où on peut faire griller des saucisses. Ce que préfèrent Papa et Maman, c'est le ski de fond sur la mer. Ils partent avec leurs skis directement de la maison, et skient ensuite d'île en île. Parfois, je les accompagne, Papa me traîne avce la luge. J'avais un peu peur la première fois mais c'est si beau qu'on oublie vite qu'on est sur la mer gelée. J'aime bien m'arrêter regarder les pêcheurs qui creusent des trous dans la glace. Quand il y a du vent, les gens font même de la planche à voile ! Ils ont des skis aux pieds et tiennent leur voile dans la main, ils sont quand même un peu fous.

Un matin, alors que nous étions en train de prendre le petit-déjeuner, nous avons vu un truc incroyable. Nos voisins (les gentils pas ceux qui nous disputent tout le temps) sont sortis de chez eux en maillot de bain. Maman était épatée car elle pense que la voisine a plus de soixante ans et elle était en bikini. Très tranquillement, ils ont marché vers l'eau avec leur serviette sous le bras. Je comprends maintenant pourquoi il y a toujours un grand trou dans l'eau glacée, ce n'est pas pour pêcher des poissons mais pour se baigner ! Je n'en croyais pas mes yeux, il faisait sans doute -10 dehors et nos voisins en maillot étaient en train de faire quelques brasses dans l'eau ! Tout aussi lentement, ils sont ressortis de l'eau et ont regagné leur maison sans se précipiter, grelotter ou hurler. Il paraît que les gens font ça pour être en bonne santé, ça doit marcher car nos voisins sont en pleine forme.

MARS

Mes grands-parents sont enfin arrivés ! Je suis toujours tellement heureux de les retrouver surtout cette fois-ci car nous allons prendre le train pour aller en Laponie. Quand nous sommes en France, j'adore prendre le train car on n'est pas obligé de rester attacher tout le temps. Et bien dans ce train-là, on peut même dormir ! Quand nous sommes arrivés à la gare, on a donné nos billets à un monsieur qui nous a fait signe de nous garer à un endroit précis. Nous sommes tous descendus de voiture sauf Papa qui quelques minutes plus tard, est monté sur le train avec sa voiture ! Dans le train, nous avions deux cabines côte à côte avec des lits superposés et même des toilettes. J'ai eu du mal à m'endormir, je pensais à la voiture de Papa, j'avais peur qu'elle tombe du train. Et puis, je pensais au Père Noël...

Nous sommes arrivés à Rovaniemi le matin tôt. Enfin nous y étions dans cette fameuse ville où vit le Père Noël, ça faisait tellement longtemps que j'attendais ça. Bien sûr, j'étais un peu déçu de venir le voir en mars mais Maman m'a expliqué qu'au contraire, c'était bien mieux de le voir après Noël quand il a du temps à consacrer aux petits enfants qui viennent le voir. Le village du Père Noël n'est pas très grand, nous avons visité la poste où arrivent les lettres de tous les enfants du monde entier, quelques petits magasins de souvenirs et enfin, sommes arrivés devant son bureau. Mon coeur tapait très fort dans ma poitrine, je n'étais plus très sûr de vouloir le rencontrer finalement. Heureusement, Maman m'a pris par la main et nous sommes allés à sa rencontre. Comme il était grand et impressionnant ! Il m'a demandé mon nom, le pays d'où je venais et s'est mis à me parler en français ! Il m'a demandé si j'étais content de mes cadeaux cette année et si j'allais être toujours aussi sage jusqu'à Noël prochain. Alors pour ne pas que ma maman m'entende, je lui ai demandé pourquoi il n'avait pas exaucé son voeu. Il a eu l'air un peu embarrassé mais il m'a promis qu'il allait y réfléchir. Ensuite, il m'a pris sur ses genoux et nous avons fait une photo tous ensemble que Papa a pu acheter (une fortune il a dit) à la sortie. Elle est magnifique cette photo, je la garderai toujours avec moi. Nous avons passé le reste des vacances à Levi, une station de ski où les montagnes sont toutes petites mais où il fait très froid. Nous habitions dans un joli chalet en bois et chaque jour, j'allais à un cours de ski avec d'autres enfants pendant que les adultes faisaient du ski de fond ou de piste. Un matin, nous sommes partis dans une ferme où on élevait des rennes. J'ai toujours pensé qu'un renne était un énorme animal mais en fait, c'est tout petit, beaucoup plus qu'un cheval. Un monsieur pas très bavard avec un espèce de costume bariolé a préparé deux traîneaux avec dedans plein de peaux de rennes et a attelé des rennes. Nous nous sommes alors installés dedans bien au chaud sous les couvertures et les rennes ont commencé à trottiner. C'était très étrange car il n'y avait aucun bruit, nous glissions lentement sur la neige au milieu de nulle part, tout était blanc et le ciel était bleu. J'étais blotti entre mes parents et j'étais si bien que je me suis endormi. Je rêvais que notre traîneau s'envolait dans le ciel et partait très loin. Quand je me suis réveillé, nous étions à l'arrêt devant une espèce de cabane. A l'intérieur, il y avait un feu. Le monsieur qui était avec nous ne disait rien mais il était très gentil, on se comprenait sans se parler. Il nous a préparé un chocolat bien chaud et bien sûr les incontournables saucisses à griller. Mes joues me piquaient un peu. J'aurais bien aimé une autre saucisse mais il fallait déjà repartir. Mes parents et grands-parents ont pendant très longtemps reparlé de cette balade dans le froid. Ca a été pour eux une expérience unique, ce silence, ce blanc, ce calme, c'est tellement rare de nos jours. Avant de rentrer à la maison, on a aussi visité un zoo formidable. Il y avait plein d'animaux polaires bien sûr, des ours blancs qui dormaient au soleil et un énorme élan qui n'avait pas du tout l'air gentil et qui m'a fait très peur. Papa m'a traîné en luge sur tout le parcours et Maman a glissé sur une plaque de verglas, heureusement elle ne s'est pas fait mal.

J'étais drôlement triste de repartir car nous avions passé une super semaine et tout le monde m'avait chouchouté. Dans le train du retour, à la tombée de la nuit, nous avons laissé les rideaux de notre cabine ouverts et admiré le ciel, il était très bizarre. Il y avait comme des traînées de peinture verte, je n'avais jamais vu ça avant. Papa m'a dit que c'était sans doute ce que s'appelle une aurore boréale et qu'on avait vraiment de la chance d'en voir une. La voiture n'est pas tombée du train au retour non plus et quand nous sommes arrivés à la maison, Papa est allé chercher directement la pelle pour déneiger.

AVRIL

Mais pourquoi fait-il toujours aussi froid alors que le printemps a commencé et que c'est bientôt Pâques ? Il y a même des jours où il neige encore ! J'aimerais bien ne plus porter ma combinaison de ski, elle est trop courte mais Maman refuse d'en acheter une nouvelle au mois d'avril. Pour Pâques, nous sommes allés chez des amis, nous étions plein de petits enfants et nous avons fait la course aux oeufs dans la neige. Quand je pense que l'année dernière, tous les oeufs en chocolat que j'avais récupérés dans le jardin avaient fondu...

Les semaines après Pâques, la neige a commencé à fondre et c'était terrible car on avait tout le temps les pieds dans cette neige fondue, cette espèce de boue collante et froide. Maman s'est quand même décidée à m'acheter de nouvelles bottes en caoutchouc mais avec de la moumoute à l'intérieur pour ne pas que j'aie trop froid. J'en ai trop marre de ce temps. On s'ennuie à la récré maintenant. La patinoire a fondu, on ne peut plus rien construire avec de la neige, on patauge dans ces grandes flaques dégoûtantes et Maman râle chaque soir car mes habits sont trempés. J'ai parlé à mon cousin sur skype l'autre jour et il était en t-shirt ! Il a recommencé le foot tous les week-end et il venait de cueillir un joli bouquet de fleurs pour sa maman. J'ai regardé notre jardin et j'ai eu envie de pleurer en le voyant trempé, gris et moche.

MAI

Pour le 1er mai, nous sommes allés pique-niquer dans le grand parc du centre ville. J'adore les pique-nique parce qu'on n'est pas obligé de rester à table et qu'on mange des chips. En Finlande, la fête du 1er mai s'appelle Vappu et c'est très important. Il paraît que la veille, les gens font la fête très tard et qu'il ne vaut mieux pas se balader dans le centre après une certaine heure. Pour aller au pique-nique, j'ai mis un bermuda et un polo ce qui a fait hurler Maman lorsqu'elle m'a vu sortir de ma chambre. Elle m'a montré le thermomètre du balcon et il faisait 3 degrés. J'ai dû remettre encore une fois ma combinaison mais elle m'a promis que c'était sans doute la dernière.  Arrivés au parc, nous avons eu beaucoup de mal à retrouver nos amis, c'était noir de monde, on n'avait jamais vu autant de personnes en même temps en Finlande !

Alors que nous avions juste emporté une couverture, des sandwichs et un paquet de chips, les Finlandais eux étaient carrément attablés avec une nappe, des jolis couverts, des verres même pas en plastique dans lesquels ils buvaient du champagne. On a fini par se trouver une petite place sur l'herbe et avons pu contempler ce spectacle. La bonne humeur des gens, les mini-barbecues portables, les casquettes d'étudiants que tous avaient ressorties, certaines plus blanches que d'autres. Le sauna au milieu du parc ne désemplissait pas. Il a quand même fallu partir assez tôt car nous avions tous froid surtout après avoir mangé une grosse glace qui ne risquait pas de fondre et que la plupart des gens commençait à avoir trop bu ce qui les rendait un peu bizarres.

Je ne sais pas ce qui s'est passé ensuite mais un matin, je me suis réveillé et il faisait très beau et très chaud. C'était comme si on était passé de l'hiver à l'été. L'herbe était de nouveau verte et il y avait plein de petites fleurs blanches et violettes partout. J'ai trouvé ces couleurs tellement belles que ça m'a donné envie de faire de la peinture. J'ai montré mon dessin à Maman et elle a trouvé que le vert de mon herbe était fluo. Alors, nous sommes sortis dans le jardin et elle s'est aperçue que oui, ici au printemps, l'herbe est vert fluo ! Ce qui était incroyable aussi c'est que subitement, tous les bateaux étaient revenus sur l'eau. Je ne comprends pas pourquoi les gens aiment tellement faire du bateau ici, la plupart du temps, l'eau est gelée et les bateaux restent sur le bord sous des bâches.

Il y a eu un très beau week end où nous avons fêté la fête des mères. On a mangé sur la terrasse avec des amis et on était bien enfin en t-shirt ! J'étais très fier car j'avais écrit un joli poème à ma maman et je lui avais cueilli plein de jolis fleurs avec Papa. On avait été acheter plein d'énormes pullas que Maman et moi nous adorons tant. J'ai été déçu car Maman n'en a pas voulu. Ensuite, quand Papa m'a emmené faire du vélo, elle est restée à la maison se reposer alors que d'habitude, elle vient toujours se promener avec nous. En principe, elle prend ses bâtons qui ressemblent à des bâtons de ski sans les pointes et elle marche super vite, mais pas cette fois. Le soir, quand je me suis déshabillé pour prendre ma douche, Maman a crié très fort ! Je me suis regardé dans le miroir et mes bras étaient blancs et rouges, j'avais pris des énormes coups de soleil ! Papa est arrivé pour voir ce qu'il se passait et on a bien rigolé quand on a vu que son nez à lui était tout cramoisi. Je n'avais encore jamais vu un pays où on attrape de si gros coups de soleil alors que l'hiver est à peine terminé.

JUIN

J'ai décidé de ne plus dormir pour faire comme le soleil ! Depuis que le printemps est enfin là, il trouve les paysages tellement beaux qu'il reste là tout le temps. Impossible de voir un coucher de soleil maintenant. Maman dit qu'il faudrait attendre minuit et que je suis trop petit pour ça. Une nuit, j'ai fait exprès de laisser mes super rideaux très épais et très foncés ouverts. J'ai senti les rayons de soleil me chatouiller le nez et j'ai ouvert les yeux, il était 3h30 du matin ! Je suis sorti de ma chambre pour aller voir la vue du salon et là j'ai rencontré Maman dans la cuisine. Elle avait un petit creux et nous avons partagé ses biscuits. Après, elle a été chercher une couverture et nous nous sommes endormis tous les deux sur le canapé à regarder le soleil monter très haut dans le ciel.

L'école est déjà finie et je suis triste. Il va falloir attendre plus de deux mois pour revoir mes copains. Mes parents ont décidé de décaler notre départ pour la France, ils disent qu'on est si bien ici en été que ce serait dommage de ne pas en profiter. Par chance, quelques copains sont aussi restés et nous nous retrouvons tous les jours à la plage parfois au bord de la mer, parfois au bord d'un lac. Le jour de l'année le plus long, nous sommes allés sur une île pour voir le feu de la Saint Jean. C'est vraiment dommage car ce jour-là, il a plu toute la journée. Malgré ça, les gens semblaient super heureux, ils dansaient et chantaient alors qu'ils étaient tout trempés. Depuis que l'hiver est complètement fini, le visage des Finlandais a beaucoup changé. Ils ne sont plus tristes, ils sourient et parlent beaucoup plus. Même notre voisin pas gentil prend le temps de discuter un peu avec mes parents en rentrant du boulot. Le week-end, il n'est jamais là. Lui et sa femme partent dans leur maison qui est sur une île et où il n'y a même pas d'électricité. Il dit que c'est formidable de vivre en accord avec la nature, de cueillir des groseilles et de se baigner tout nu dans le lac. Le problème c'est sa fille maintenant. Elle est très gentille et elle a 18 ans. Evidemment, elle n'a plus du tout envie de passer tous ses week-end avec ses parents alors elle reste et elle invite de drôles de jeunes qui font du bruit toute la nuit. Un matin, on a même retrouvé des bouteilles de bière cassées dans l'allée. Maman a tout de suite voulu en parler à ses parents mais Papa a dit que ce n'était pas de sa faute, que son père était beaucoup trop "rigide" et du coup, elle avait besoin de se lâcher quand il n'est pas là.

Je sais maintenant faire du vélo tout seul sans les petites roues alors avec mes parents, nous faisons de grandes promenades le week-end au bord de la mer. Il fait un temps génial, on trouve que les débuts ont été très durs mais que maintenant on est bien ici, c'est vraiment un magnifique pays. Avant de partir en vacances en France, nous sommes allés au village des Moumines. Les Moumines, ce sont les stars de la Finlande ! Ce sont des personnages de livres tout blancs et tout gentils qui vivent dans la nature. Ils sont dessinés partout ici. J'en ai sur mon assiette, sur mes bottes de pluie, sur mes draps, sur mes cahiers, mes puzzles. J'ai même une peluche toute douce qui est devenue mon doudou. Leur village est au bord de la mer, c'est comme un parc d'attraction avec leur maison, leur bateau, leurs amis. On y a croisé plein de personnages grandeur nature, j'étais heureux de leur donner la main.

JUILLET

J'ai mis mon t-shirt bleu avec écrit Suomi dessus, rangé mon doudou Moumine dans mon sac Marimekko avec des voitures dessus et j'ai fermé la porte de ma chambre. Papa nous attend dans la voiture, nous partons en France aujourd'hui. Je suis content et triste à la fois. Les pullas vont me manquer cet été, Maman a appris la recette et elle m'a promis qu'on allait en faire pendant les vacances.

25 DECEMBRE

Ma petite soeur est née ce matin et je viens d'aller la voir à l'hôpital d'Espoo. Elle est toute petite et est habillée en Père Noël ! Quel beau cadeau ! J'avais commandé cette année tout plein de vaisseaux spatiaux mais aucun ne m'aurait fait plus plaisir que ce tout petit lutin que Maman berce dans ses bras. Je suis super fier d'être grand frère et je vais beaucoup m'occuper de ma petite soeur, elle est si jolie. Nous allons devoir lui trouver un deuxième prénom finlandais pour qu'elle se souvienne plus tard de l'endroit où elle est née. Maman a l'air fatigué mais heureuse. Je l'ai entendue raconter au téléphone que son accouchement avait été incroyablement doux et calme. J'ai hâte que nous rentrions à la maison tous les quatre pour fêter Noël et être ensemble. En tout cas, une chose est sûre, ce Noël-là restera toujours le plus beau de ma vie, quelle bonne idée mes parents ont eue de venir habiter ici !

Le Jury a aimé:

-Le narrateur enfant à la mode du "Petit Nicolas"

-La vivacité et l'humour du ton qui transcrivent bien le regard d'un enfant

-La sincérité des sentiments envers le nouveau pays en cohérence avec le choix du narrateur: 'la vérité sort de la bouche des enfants', l'enfant dit tout haut ce que ses parents (et bien d'autres) pensent tout bas

-Le déroulement "journal intime" sur une année : la lecture de la nouvelle se plie naturellement et doucement au rythme des saisons finlandaises

-La richesse du contenu, une nouvelle qui concentre l'essentiel de l'expérience finlandaise

-Le syndrome "Bienvenue chez les Ch'tis" : la Finlande, on pleure quand on arrive, on pleure quand on part!

-l'évolution progressive de l'état d'esprit de l'enfant qu'on ressent très bien, on se laisse séduire petit à petit par le pays

-l'impression d'achèvement à la lecture de la fin de la nouvelle

-le suspense lié à la deuxième intrigue latente (le bébé)

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19 mai 2010

2ème PRIX: Suomen Rakastaa/ Un Amour Finlandais

Par Nathalie Boulhol

Je m’appelle Hélène et j’ai 83 ans. Souvent je repense à ma vie ou plutôt à mes vies dans la Vie. Et quelle Vie ! Mon Dieu, quelle Vie ! Quel bonheur ! Un mélange de bien-être, d’amour et de passion. J’ai été si heureuse que parfois cela m’effrayait. Et si un jour, ce bonheur s’était arrêté.

Je repense à ma jeunesse et je me mets à en feuilleter l’album. Aujourd’hui, c’est "Suomen Rakastaa"-Un Amour Finlandais.

Me voilà donc en route pour Rovaniemi en Laponie finlandaise. Adieu le sud, ses quartiers cosmopolites, son effervescence, son art de vivre tout en excès, sa mer fougueuse et son soleil généreux ! Vous allez me manquer ! Mais un vrai périple m’attend et je suis excitée comme une puce.

J’embarque en gare d’Avignon en plein mois de décembre pour une traversée nocturne en train de la France à l’Allemagne. Ce n’est pas l’Orient Express mais tout comme. L’aventurière que je suis déambule entre sa couchette-placard et le très kitch wagon restaurant avec ses rideaux en dentelle et ses lampes de chevet oranges posées sur des tables ornées de nappes et de napperons.

Au petit matin, j’arrive à Hambourg. Je ne parle pas un mot d’allemand mais je finis par trouver ma correspondance pour Rostock. A destination, je m’octroie un petit tour d’horizon dans cette ville tout au nord-est de l’Allemagne sur la mer Baltique. Les maisons de briques rouges avec leurs toits en triangle et leurs façades zébrées de planches noires, rouges ou vertes me font penser à l’Alsace. Peu à peu, au fil du voyage, au fil des paysages, je prends conscience et je m’imprègne de ce nouvel environnement et de mon épopée dans le Grand Nord.

Le Grand Nord que je finis par atteindre après une « croisière » à bord d’un ferry de la Silja Line en pleine mer Baltique avec pour cap Helsinki, la capitale de la Finlande. A l’image de cette mer du nord, la traversée est calme, placide et presque ennuyeuse. Ma quiétude et ma langueur sont parfois troublées par des sortes de bruits abyssaux. Cette mer étant si peu profonde, si peu agitée, tel un lac, que le bateau semble racler le fond! Les mêmes paysages reviennent sans cesse : une mer d’eau douce parsemée d’une multitude d’îles et d’îlots où trône parfois, sur de gros rochers gris, un petit phare ou une cabane de pêcheur en bois rouge ou jaune. Le soleil est rasant. A peine pointe-t-il son nez au-dessus des immenses forêts d’épicéas et de bouleaux. Je découvre les côtes sauvages, désertiques et épurées de cette mer froide et sans vie. Tout est si endormi, engourdi !

Cette torpeur ambiante prend fin à mon arrivée à Helsinki avec la magnifique vue de la célèbre cathédrale blanche illuminant le port de la ville paré d’une rangée de bâtiments aux façades jaunes, bleues et blanches. Il s’agit de l’Hôtel de Ville et du Palais Présidentiel. Le cadre est imposant et grandiose. A peine débarquée, je suis alors mon petit plan touristique. Je remonte Esplanadi, un parc au coeur de la ville, tout en longeant la rue des grandes marques du design finlandais : Marimekko, Iittala, Pentik, Aarikka. Finalement je rejoins la grande avenue qu’est Mannerheimintie pour arriver devant la gare ferroviaire « Helsingin rautatieasema », un austère et imposant bâtiment avec quatre grandes statues d’apparence stalinienne qui en gardent l’entrée.

Mon périple semble toucher à sa fin. Il ne me reste plus que onze heures de trajet et neuf cents kilomètres à parcourir ! J’embarque à bord du « Pôle Express » destination le Pôle Nord, le Cercle Polaire Arctique. Cette ascension du Pôle Nord me fait penser à une traversée du désert. Un désert non pas de sable mais un désert de forêts et de lacs, de lacs et de forêts avec quelques villes ou villages perdus au milieu de ces forêts et de ces lacs. Plus le train avale les kilomètres et plus, à l’image de l’habitat, la végétation se raréfie. Les forêts s’éclaircissent, les arbres sont de moins en moins hauts. Aussi, peu à peu, dans l’obscurité de la nuit polaire, se dessinent, à mes yeux et dans mon esprit, un pays pas comme les autres, un paysage singulier, uniforme, blanc et gelé. La nature est gigantesque, omniprésente et la neige, le froid, eux aussi envahissent, paralysent et recouvrent tout, du sol jusqu’à la cime des arbres.

« Tervetuloa » – Bienvenue donc au Pôle Nord avec comme éphéméride : 23 décembre - moins 23 degrés - au moins 3 fois 23 centimètres de neige. A 23 ans tout juste, une valise pour seul bagage et mon ordre de mission en poche : un stage de vétérinaire au zoo de Ranua, petite bourgade au sud-est de Rovaniemi, me voilà au coeur d’une grande aventure. Ca va être fantastique…mais je suis folle, qu’est-ce que je fais là! Dépaysement total pour la petite française que je suis, moi, la fille du soleil, de la lumière et des couleurs, avec ma peau tannée, mes cheveux noirs, mon bonnet et mon écharpe bigarrés!

Il arrive alors comme ça, de façon soudaine, imprévue dans cette gare comme dans ma vie. Il avance vers la salle d’attente, ignorant le va-et-vient des Finlandais et des touristes du monde entier venus fêter Noël au Pays du Père Noël : « Hyvää Joulua ». Il prend son temps, il me fixe, je ne fais que le regarder. C’est à peine si j’entends sa voix : « Tu es Hélène! ». Je reste là, plantée, pétrifiée et muette. Une impression de chaleur m’envahit, mon ventre papillonne. Je veux fuir loin, courir, courir…dans ses bras. C’est lui ! Il est venu me chercher. C’est lui que j’ai depuis des mois par mail, par téléphone préparant pendant des heures cette mission, partageant nos quotidiens et nos cultures si différents. On se connaît déjà tellement. Il s’appelle Toimi et c’est un vrai coup de foudre !

Les jours suivants, nous ne cessons de nous voir. Quelque chose se passe et va inévitablement arriver. Je me sens un peu perdue, déboussolée mais je sais au fond de moi ce que je ressens. Je ne peux l’ignorer. Ca m’obsède. J’y pense tout le temps. Aussi, nous finissons par nous cacher dans sa petite cabane en bois rouge, son « mökki », au bord d’un lac gelé bordé d’une forêt enneigée et glacée. Dans un grand lit douillet, nous nous laissons porter par nos coeurs et nos corps. Il est doux, fougueux, attentionné. Il est doué, il fait ça bien. J’aime sentir ses mains encerclant mon visage, caressant ma nuque et remontant dans mes cheveux, ses mains sur mon corps frissonnant, ses mains se promenant jusqu’à mes seins tendus par ses caresses et ses baisers. J’aime voir ses yeux emplis de désirs. Je me sens attirante et il me rend belle. Je suis toute à lui. Nos corps et nos âmes ne font plus qu’un. On oublie tout comme dans la magie d’une éclipse. C’est bon d’être là. Le temps prend son temps. C’est indescriptible, indicible : des heures de vrai bonheur.

Deux amants complices pour lesquels tout se passe naturellement, sans fard, sans artifice à l’image de l’atmosphère unique et particulière régnant dans ce « mökki » au fin fond de la campagne finlandaise. Les flammes de la vieille cheminée illuminent le désordre ambiant, les canapés rococo et poussiéreux, la vaisselle Iittala dépareillée et ébréchée et les vieux bouquins jaunis d’Arto Paasiliina ou les polars de Joensuu. La nature aussi est magnifique, surprenante et simple. La neige ne cesse de tomber et nous avons parfois la visite de quelques rennes et élans. C’est fascinant. Quel beau spectacle ! Chaque moment qui passe nous rend de plus en plus amoureux. Oui, je sais, ça va être compliqué...mais je me dis que ce n’est pas encore l’homme de ma vie, juste un homme formidable. Nous n’avons et l’un et l’autre qu’une envie : ne pas se quitter, rester ensemble, sans arrière-pensée, sans lendemain peut-être, persuadés sinon de passer à côté d’une belle histoire.

Mais comment, justement, imaginer cette belle histoire sans lendemain ?

Jamais. Au grand jamais. Quelques mois de folie pour finalement s’avouer que l’on n’a jamais ressenti ça auparavant. C’est l’histoire d’amour à laquelle on ne s’attend pas. Un coup de foudre incroyable qui vous plonge dans un état d’extrême bien-être et de bonheur. Je découvre tout : un nouvel amour et un nouveau pays. Il m’emmène partout à travers la Finlande : rencontres et expériences inoubliables.

Comme cette journée de stage dans une ferme d’élevage de chiens de traîneau à Rovaniemi. Je fais la connaissance d’une Finlandaise passionnée et passionnante. Toute sa vie se résume en ses chiens. Elle en a une centaine, elle connaît le caractère de chacun et elle en parle comme si c’étaient ses enfants, sa famille. Nous partageons notre amour des bêtes. Elle m’explique tout et voyant certainement mon émerveillement et mon admiration, elle nous propose de nous emmener faire une excursion tout autour d’un lac à Kilpisjärvi, le point géographique où les frontières de la Norvège, de la Suède et de la Finlande se rejoignent. C’est un moment magique à travers l’immensité blanche et silencieuse de ces terres de Finlande. Quelle agréable sensation de liberté que de pouvoir « marcher » sur l’eau, j’entends bien sûr sur l’eau du lac gelé ! Quel havre de paix.

A notre retour, un repas nous attend dans sa « kota », sorte de yourte ou tipi en bois avec en son centre un feu, un barbecue, un « grilli » en finnois, où l’on fait cuire les fameuses « makkara », saucisses finlandaises plantées au bout d’un morceau de bois. Je suis glacée, épuisée, mon visage et mes mains sont rougis par le froid. Non vraiment, la vie est rude ici. Tout ça est très difficile pour moi. Je laisse entendre à Toimi que je ne pourrai pas survivre à ces conditions climatiques.

Alors, blottie dans ses bras, il me raconte la Finlande au printemps, la renaissance de la nature et un paysage tout aussi surprenant. Sous la neige et le froid, la nature est déjà en éveil et commence à pousser. Quasiment du jour au lendemain, les arbres retrouvent leurs feuilles et les violettes jonchent les sols verdoyants. Et chose extraordinaire : les mésanges et les écureuils viennent picorer les quelques graines mises au creux de la main. Tableau idyllique magnifié par le mythique soleil de minuit. Après une longue hibernation, la nature ne s’endort plus. Mais belle et encore et toujours silencieuse, complètement silencieuse, elle occupe tout l’espace.

Toimi a compris. J’aime aussi la ville, ses bruits et son agitation. C’est décidé, je pars la première pour le zoo d’Helsinki et on se donne rendez-vous quelques semaines plus tard à « kahdeksalta Stockmann » c’est-à-dire sous l’horloge de Stockmann, le point de rencontre des « Helsingfors » lorsqu’ils décident de se retrouver en ville. Il s’agit d’une horloge suspendue à l’entrée du grand magasin Stockmann donnant sur une des artères principales de la ville : Aleksanterikatu.

Je l’aperçois et dès le premier regard, le désir nous dévore. Nous n’avons qu’une envie : nous serrer, nous toucher, nous embrasser…nous aimer. Nous ne pouvons résister plus longtemps. Sautant dans un tramway traversant le quartier chic de Kaivopuisto, nous descendons à hauteur du célèbre café Ursula pour rejoindre notre cocon. Montant les escaliers quatre à quatre et après quelques acrobaties pour introduire la clé dans la serrure, nous repoussons la porte du pied et alors nos mains, nos caresses, nos baisers, nos corps se mêlent et s’emmêlent. C’est comme si chacun savait ce qu’attendait l’autre.

...je ressens des trucs hallucinants

Je comprends pas tout ce qui se passe, y a pleins de trucs incohérents

"Il" m'apporte trop de désordre, et tellement de stabilité

Je l'ai dans la tête comme une mélodie, alors mes envies dansent.

(Grand Corps Malade, Comme une évidence

En fin d’après-midi, Toimi m’invite à vivre l’expérience du sauna public du quartier populaire de Kallio, le dernier sauna chauffé au feu de bois. Consciencieusement douchée, je m’aventure dans une grande pièce munie de gradins, tout en bois. Au centre, un grand poêle où l’on enfourne les bûches. Il fait entre 70 et 90 degrés. Trempée de sueur, j’alterne entre douches glacées et transpirations extrêmes ! « Je me purifie ! » mais il va falloir maintenant que je me réhydrate sérieusement !

C’est donc sur un vieux bateau de bois amarré au port de la Place du Marché que nous partageons un «glögi», sorte de vin chaud au goût de cardamone et accompagné de raisins secs et d’amandes. Puis nous dégustons les traditionnelles soupe de saumon et tarte aux myrtilles. Il fait bon et on est si bien dans ce cadre intime, pelotonnés dans une vieille couverture à carreaux. On se réchauffe avant d’affronter le froid extérieur et la rudesse de l’hiver.

Quelles sensations étranges et ambivalentes. Ce pays et ses habitants sont tout en contraste. Dédoublement ou gémellité inévitablement conditionnés par la nature. Interdépendance entre l’homme et la nature. Elle régente tout : la douceur et le naturel de leur art de vivre ; le chaud du sauna, de leur mökki, de leurs délicieuses soupes ; le froid, l’austérité et la brutalité de l’hiver, de la mer gelée, de la nuit polaire.

Brutalité, justement, le jour où il faut s’avouer que cette belle histoire est sans lendemain. C’est aussi foudroyant que notre rencontre. Elle arrive comme ça, de façon soudaine, imprévue dans mon bureau comme dans ma vie. Elle avance rapidement, elle me fixe, je ne fais que la regarder et je sais, je sais que quelque chose va arriver : c’est Elle ! Sa femme et ses deux enfants! En une seconde, tout s’écroule. Je reste là, plantée, pétrifiée, muette. Une impression de malaise m’envahit et mon coeur se déchire. Je sais que je vais le perdre, que je l’ai perdu. Je réalise que je ne pourrai jamais être seulement une maîtresse ou une belle-mère assumant déjà deux enfants pas nés de notre amour. Je savais que ça allait être compliqué. J’ai voulu vivre cette belle histoire avec un homme formidable. Alors j’assume mais j’ai envie de hurler, hurler, de pleurer, pleurer et fuir, fuir…loin. J’étouffe. Un vrai sale coup de la vie !

J’ai 23 ans, une valise pour seul bagage et mon billet retour trempé de larmes en poche. Le printemps est encore timide mais dans quelques semaines, le soleil illuminera les fleurs bigarrées de couleurs multicolores tapissant les sols. La lumière fera scintiller les milliers de sapins habillant les forêts finlandaises.

Pour l’heure, la fille du soleil que je suis, est triste et sombre à mourir.

Finalement, le temps passe, le chagrin s’efface, le vide s’estompe mais je n’ai jamais cessé de penser à ce qu’aurait été ma Vie ou mes vies si j’étais restée. Souvenirs indélébiles, amours éternels…à jamais Finlande, tu resteras dans mon coeur !

Le Jury a aimé:

-La chute de l'histoire: l'aventure amoureuse se déroule si bien que la chute est surprenante, très bien amenée, inattendue.

-Le style recherché, "littéraire", sophistiqué de l'écriture

-La multiplicité des thèmes abordés: les traditions, les caractéristiques, les clichés sur la Finlande mais aussi les couleurs, les saveurs, les sensations et les sentiments

-La justesse/la cohérence/l'à-propos des thèmes abordés, au bon moment dans l'intrigue

-L'ambivalence/le paradoxe de la Finlande qu'on ressent en lisant la nouvelle

-L'insertion de mots typiques (en finnois dans le texte)

-Le respect de la forme traditionnelle de la nouvelle

-Le drame/l'ambiance de l'histoire liés au climat et la nature de la Finlande

-L'opposition froid/douceur/chaleur : on parle du "froid" climatique et on ressent la douceur, la tendresse pour le pays et la chaleur de la relation homme/femme

-L'exotisme d'une région encore plus nordique, l'attrait de la découverte de la Laponie

-Comment les deux rencontres, celle d'un homme et celle de la Finlande, se croisent, se mèlent, s'enrichissent mutuellement

19 mai 2010

3ème Prix: Rendez-vous aveugle

Par Val Mas

Extrait du blog "Bonjour Finlande" posté par une expatriée française en Finlande.

22 Novembre 2008. RENDEZ-VOUS AVEUGLE.

Si seulement, j'avais un peu réfléchi, c'est "Bonsoir Finlande" que j'aurais nommé ce blog !!! Vous comprendrez mieux pourquoi plus loin...

C'est le week-end et les diverses occupations avec les enfants et surtout entre amis n'ont pas fait défaut aujourd'hui.

En effet, depuis hier soir, nous nous sommes retrouvés à trois familles (6 adultes et 7 enfants, plus on est de fous plus on rit !) dans un Mökki (chalet) loué pour ces deux jours, à la campagne.

C'est une tradition que savourent beaucoup de Finlandais qui en possèdent un, et un plaisir que s'offrent quelques expatriés que nous côtoyons, depuis trois mois maintenant que nous sommes en Finlande.

Nous avons fait une centaine de kilomètres vers le nord-ouest depuis Helsinki, traversant des localités aux noms plus cocasses les uns que les autres. Une distraction bien franchouillarde: plaisanter sur les patronymes ! Qui n'a jamais souri au passage de: Poil ou Arnac la Poste ! Et bien par ici c'est plutôt du genre: Vapaala ou Lahnus !!

Côté paysage, la nature, encore un peu verdoyante grâce aux conifères, s'est pourtant dénudée: l'automne achève son minutieux labeur d'effeuillage des bouleaux et autre feuillus. Adieu couleurs flamboyantes ! A propos, saviez-vous que la Finlande est la plus grande réserve forestière d'Europe ? Beau palmarès, non?

Aussi, ce matin, nous avons proposé aux enfants d'aller ramasser toutes sortes d'écorces, branchages, feuilles et autres, dans le petit bois en amont de la maison, afin de réaliser une couronne végétale de saison. Mon côté G.O. n'a pu être contenu au milieu de tant d'enfants, et ma créativité exaltait, au coeur de la nature !

Le froid piquant nous obligea, tout de même, à nous vêtir bien chaudement. Tous emmitouflés dans nos blousons, bonnets, écharpes, gants et bottes, nous voici partis à la recherche de petits trésors naturels.

Reconnaissables uniquement par la couleur de nos vestes, tels des tâches de peinture éclaboussées sur une toile d'artiste, nous découvrîmes le bois qui déroulait sous nos pas son épais tapis de mousse. L'humidité était à son comble, des champignons de toutes espèces déployaient leurs chapeaux. La hauteur et la densité des arbres filtraient la faible lueur du plafond bas et gris du ciel, de nombreux terriers nous laissaient deviner une vie souterraine intense et les enfants allaient et venaient, tels de petits animaux émoustillés, exhibant leurs trouvailles.

Fascinée par cette agitation, je songeais secrètement à ce premier rendez-vous insolite...

De retour au mökki, les responsabilités de chacun s'établirent. Les enfants se rassemblèrent pour mettre en commun leur récolte, et les parents affairés en cuisine préparèrent le déjeuner.

Après celui-ci, certains allèrent siester, notamment les petits enfants  et un parent en manque de sommeil, nuit agitée oblige!

Les plus grands confectionnèrent la couronne, pendant que les autres parents lisaient et refaisaient le monde autour d'un bon café et d'une cigarette, au grand air. Mon sens de la critique vient délibérément opposer les mots "cigarette" à "grand air" ! Car ici, l'indice de pollution de l'air ... connait pas !

La lumière naturelle a décliné aussi vite que la température extérieure, quelques jeux sportifs se sont, cependant, improvisés dans le jardin, en contrebas de la maison, avant un bon goûter.

Et oui, nous entamons la nuit polaire, d'où ma remarque en haut de page sur le nom de ce blog ! "Bonsoir Finlande" aurait été plus approprié !

Jusqu'au prochain solstice d'hiver, le 21 décembre, nous perdons des minutes, que dis-je, des heures de jour ! C'est une des particularités de ces pays du Nord qui touchent du doigt le cercle polaire. Bien sûr que par définition on le sait, mais le vivre, c'est autre chose. Je me demande mêmesi je n'appréhende pas cette période d'hibernation...Je crois que je vais investir dans une lampe de luminothérapie, ou prévoir rapidement des vacances chez nous, dans le sud de la France... Tout bien réfléchi la première solution sera la moins onéreuse !

Le lac, aux pourtours gelés, attira quelques téméraires, adultes et enfants, pour une virée en barque ! Mais la glace les mit à la raison, ils ne purent franchir cet obstacle déjà bien solide !

Une brouette servit de calèche pour les plus jeunes, une partie de football défoula quelques chevronnés et un jeu de quilles amusa les plus flegmatiques.

Et moi, très loin de tout ce tumulte, je ne focalisais mon esprit que sur cette singulière expérience, une sorte de baptême...

Ce sont mes amis qui se sont chargés de tout, nous ne serons qu'entre femmes pendant que les papas feront les baby-sitters, une pratique assez commune par ici. Je crois que ce genre de coutume va me plaire et me rendre service, parfois ! Non pas que je sois fêtarde, mais un peu de liberté est toujours appréciable, vous ne trouvez pas? Les femmes expatriées me comprendront, je pense.

Un délicieux et gourmand goûter nous rassembla tous, petits et grands autour de la grande table, mais l'heure tournait et il fallait songer à se préparer.

Hop hop hop, pas d'empressement, d'abord les bains et douches des enfants pour que les papas n'aient que le repas en charge !

J'aurais apprécié de prendre un verre, histoire de me détendre, mais j'aurai tout le loisir de le faire durant cette escapade !

17h00 précises, on frappe à la porte...le taxi? Non, seulement le propriétaire du mökki qui nous prévient que nous pouvons y aller, en nous tendant des lampes torches ! C'est une blague? Nous devons nous y rendre à pieds, dans nos petites tenues légères...sexy les moon-boots à poils au bout de nos gambettes à l'air !

C'était bien la peine que je prenne le soin de m'épiler...non mais on n'est pas des bêtes, quand même!

Qui a parlé de bête? Et si on en croise une sur le chemin? Là, je commence à sentir mes guibolettes qui flanchent entre le froid et la pétoche, y'a de quoi !

Nous voilà donc toutes les trois dehors, après le petit bisou à nos chérubins et tendres époux (les enfants d'abord!), dans la nuit, au milieu ...du jardin...sans marquage au sol, ni borne kilométrique, ni le panneau "Va pas là" !

Je fais la maligne, mais je vous assure je n'étais pas fière, heureusement le chalet que nous devions rejoindre était éclairé, de l'intérieur. Il était donc déjà là...seul pour nous trois...dans nos petites tenues bien légères pour la saison !

Vite, nous nous sommes réfugiées à l'abri des bêtes et du froid, au péril de notre vie...c'est dingue comme les feuilles mortes et humides qui jonchent le sol peuvent être dangereuses, car véritablement glissantes malgré nos poids plumes !

L'atmosphère de ce petit mökki était chaleureuse et intime, mais la pièce où nous devions nous rejoindre était sombre, trop à mon goût, seulement trois malheureuses petites bougies l'éclairaient, nous pouvions les voir depuis la porte vitrée !

Habitude finlandaise: nous quittons nos "bottes de sept lieues" dans le sas d'entrée et mes marraines m'initient au rite "Allez ma Belle, tukit tou !!!", "arrêtez les filles, vous savez bien que je ne comprends pas le finnois !"... Ce n'était pas du finnois ... mais du français: tu quittes tout !!! Quoi ? C'est quoi ce plan ??

"Ah ! Je vois, une sorte de bizutage !! Vous êtes drôles les filles, mais j'ai passé l'âge, vous ne croyez pas?"

Et zou, en moins de 30 secondes tout le monde était à p... sauf moi !!! Ben, y'a plus qu'à faire pareil, la petite culotte roulée et enfouie dans la poche du manteau...Les mains en avant pour se diriger dans l'obscurité... Il était là, au milieu de la pièce à nous attendre, chaud comme la braise et pour cause...un véritable sauna au feu de bois...

Bienvenue au club...un petit coup d'eau sur les pierres de lave, et nous voilà perchées sur nos petites serviettes, une canette de boisson bien fraîche à la main, les trois petites lueurs des bougies se reflétaient dans nos trois paires d'yeux !!! Et la chaleur, et l'odeur du bois qui se consume nous enivraient, l'intimité a chassé la pudeur, et nous avons refait le monde...

J'ai bien fait de m'en faire tout un film durant la journée, car c'était encore mieux...

UNE VERITABLE EXPERIENCE FINLANDAISE !

Bonne nuit, Finlande!

Posté par "Expat-Finlandine" à 22h52

Le Jury a aimé:

-le ton humoristique, le sourire complice qui peut naître entre l'auteur et le lecteur

-le format 'blog' : à la fois original pour une nouvelle et aujourd'hui un moyen de communication et de partage d'expérience usuel , très familier (surtout pour les expatriés)

-la vraisemblance de la description de la nature finlandaise, d'un soir en automne quand il fait déjà froid (on s'y croirait)

-le sens du réel de la description qui parfois touche à la poésie

-la trame de l'histoire qui ménage habilement le mystère, le suspense : quel est ce rendez-vous aveugle, insolite, singulier?

-l'originalité d'une expérience unique

-la plongée au coeur de la culture finlandaise : les week-ends mökki

-la richesse des détails et de la représentation de la Finlande pour une nouvelle courte ( courte aussi dans sa durée)

19 mai 2010

REMERCIEMENTS

Un grand grand grand merci aux membres du Jury, Mari, Philippe, Isabelle et Marie et à tous les participants de cette aventure!

J'encourage tous les visiteurs de ce blog à laisser un commentaire pour que l'aventure se prolonge encore un peu, beaucoup.............à l'infini!

6 mai 2010

Résultats Concours Nouvelle

1ère: Isabelle Guédon avec Une expérience Finlandaise

2ème: Nathalie Boulhol avec Suomen Rakastaa/Un Amour Finlandais

3ème: Val Mas avec Rendez-vous aveugle

Un très très très grand bravo à toutes les trois !

Diffusion des nouvelles sur le site très prochainement...

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2 mai 2010

Délibération du Jury: FIN

Le Jury a pris sa décision quant aux trois nouvelles primées...ainsi les résultats paraîtront plus tôt!

D'ici quelques jours, vous connaîtrez le nom des auteurs des trois nouvelles préférées du Jury ainsi que le titre des nouvelles....

La diffusion des nouvelles suivra mais sera échelonnée dans le temps!

A très vite!

4 mars 2010

31 MARS

Pour officialiser l'allongement des délais, voilà la nouvelle date pour l'envoi de vos nouvelles....n'hésitez pas, c'est un concours amateur et bienveillant! et bravo d'avance à ceux et celles qui se sont déjà lancés!
Pensez à préserver l'anonymat! Merci!

31 MARS dernier délai à concoursnouvellefinlande@yahoo.fr

24 septembre 2009

UNE EXPERIENCE FINLANDAISE A PARTAGER

concoursmail

23 septembre 2009

Règlement du concours de Nouvelles: Une Expérience Finlandaise

1) Ce concours est ouvert à tous les auteurs amateurs, quel que soit leur lieu de résidence, (à l'exception des membres du jury), à la condition expresse que les oeuvres soumises à l'appréciation du jury n'aient antérieurement fait l'objet d'aucune parution ni édition.
2) Ne seront acceptés, pour concourir, que des textes en langue française et ayant pour thème "Une expérience finlandaise."
3) Tout propos raciste, xénophobe ou diffamatoire entraînera immédiatement le retrait du texte concerné.
4) Les nouvelles proposées ne pourront pas dépasser un volume de 10 feuillets, soit 15000 signes. les textes seront présentés sur format A4.
5) Les textes proposés, afin d'être confiés pour la lecture et appréciation du jury, ne devront comporter aucun nom, ni aucun signe de reconnaissance (chiffre, signe, symbole...).
6) Les textes ainsi présentés seront envoyés en pièce jointe qui aura pour titre "nouvelle". Un second mail avec pour titre "identité" et dans lequel figurera le nom, la date de naissance, et l'adresse de l'auteur sera envoyé simultanément mais ne sera ouvert pas les organisateurs qu'une fois la délibération terminée. Il est recommandé d'utiliser une adresse mail ne comportant pas de nom pour préserver l'anonymat. Adresse où faire parvenir vos deux mails: concoursnouvellefinlande@yahoo.fr
7) La date limite d'envoi est fixée au 15 février 2010.
8) Le présent concours est un concours amateur, la participation est gratuite et aucune récompense financière ne sera octroyée.
9) Le jury sera composé de plusieurs membres tous volontaires et bénévoles. Seront récompensés, entre autres, l'originalité de l'intrigue, la qualité de l'expression ainsi que le sens du réel (la Finlande comme si on y était...)
10) La délibération du jury est fixée à la première semaine de juin 2010.
11) Les auteurs s'engagent à accepter la parution de leur  nouvelle, si elle  est primée. Diffusion des nouvelles primées (1er Prix/ 2ème Prix/ 3ème Prix) et du palmarés sur http://nouvelleconcours.canalblog.com
12) Les organisateurs s'engagent: - à ne pas utiliser les nouvelles à des fins commerciales. Toutefois, si l'occasion se présentait, l'accord écrit des auteurs serait préalable.
                                              - à  respecter le présent règlement.  Leur responsabilité ne peut-être invoquée au-delà de ce règlement.

Infos et questions à concoursnouvellefinlande@yahoo.fr
http://nouvelleconcours.canalblog.com

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Concours de nouvelles : Une expérience Finlandaise
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